Université de Toulon, Laboratoire IMSIC (AMUE)

Thèse de Doctorat: Issiaka Touré (2020)

Dr Yann Bertacchini (Adviser)

Synthèse

Au Mali, pour accompagner la démocratie et la décentration dans les années 90, les autorités du pays et leurs bailleurs de fonds ont Au Mali, pour accompagner la démocratie et la décentration dans les années 90, les autorités du pays et leurs bailleurs de fonds ont mis en avant les TIC et les radios communautaires comme moyens de développement. Ce dispositif selon eux,  permettrait aux populations locales d’accéder non seulement à l’information, à la connaissance, mais aussi d’extraire les populations démunies de leurs conditions de vie difficiles. L’information et la communication ont  donc été placées au cœur du processus de réussite de leur jeune démocratie. Comme le disait (Couzinet, 2006)[1], « la  question des connaissances, leur amont, l’information, et leur aval, les savoirs, est centrale en sciences de l’information et de la communication ». Dans ce contexte, quel  canal  privilégié. Eut égard aux réalités du pays liées à la pauvreté accrue des populations, au faible taux d’alphabétisation, à l’accessibilité et au coût faible  d’installation d’une station radio, à  l’importance accordée à l’oralité et à l’usage des langues locales comme moyens de communication furent déterminant dans le choix des radios communautaires par les communautés locales. D’où l’intérêt de cette recherche qui se veut d’expliquer le contexte d’émergence des radios communautaires au Mali, puis d’analyser leur influence dans les réseaux d’acteurs (Etat, les investisseurs, les collectivités territoriales et les populations locales), ainsi que les interactions entre les différents acteurs socio-économiques engendrées.

Notre démarche méthodologique, à la fois quantitative et qualitative s’est construite autour de questionnaires à choix multiples, d’interviews semi-dirigées, d’observation et d’études bibliographiques. Six radios communautaires ont fait l’objet de notre étude empirique.   .                                                                                                                                                                            Pour structurer ce travail, nous l’avons subdivisé en trois parties et en différents chapitres.                                 

La première partie,  axée sur les différentes théories relatives aux technologies de l’information et de la communication met en relief l’avis des opposants et des partisans à cette innovation. Son premier chapitre porte sur les différentes théories  de développement et de l’intelligence territoriale. Le  chapitre II, présente notre zone d’étude et ses politiques de développement  via les technologies de l’information et de la communication.  Le   troisième chapitre, fait référence au  contexte   de   création   et   l’émergence   des   radios communautaires au Mali.

Le troisième chapitre de la  deuxième partie, présente les différentes radios communautaires et leur environnement  ayant   fait   l’objet   de   notre   visite. Quant au quatrième chapitre, il est  question d’analyser et d’interpréter toutes les données recueillies sur le terrain et de transcrire les interviews qui ont été réalisées.

La troisième et dernière partie, porte sur les rôles de médiation, de concertation joués par les radios communautaires et surtout leur implication dans  la mise en commun de compétences  des différents acteurs au développement. Le chapitre cinq,  présente  les rôles de médiation et de facilitation de la concertation dus à la radio. Le chapitre six évoquera le rapport entre la radio communautaire et l’intelligence territoriale. C’est-à- dire   démontre comment les radios communautaires ont servi de levier et de supports aux hypothèses de l’intelligence territoriale.

Il ressort de notre étude que les radios communautaires  ont su insuffler aux  collectivités locales  une nouvelle forme de gouvernance ascendante et endogène.  Elles ont pu concilier, inciter,  favoriser la confiance mutuelle, le dialogue social, l’implication de tous les acteurs au développement dans des projets communs.

Ce travail conclue  également que les radios communautaires regorgent d’importants atouts et potentialités non exploités. En plus d’être un puissant dispositif technique info-communicationnel, elles sont capables  de faciliter le partage de savoir, de changement de comportement et influencer les prises de décision et de promouvoir le développement local. Comme le disait (Bertacchini, 2000 : 3), tout projet de développement nécessite la conjonction de trois hypothèses: les acteurs échangent de l’information (énergie), accordent du crédit à l’information reçue (information), le processus de communication ainsi établi, les acteurs établissent les réseaux appropriés et transfèrent leurs compétences (projet). »

Cependant, mal exploitées,  elles pourraient être un frein ou une arme fatale (radio mille collines au Rwanda) pour son rôle au génocide dans ce pays. 

 

[1] Les connaissances au regard des sciences de l’information et de la communication : sens et sujets dans l’inter-discipline, 2006,  6p

 

 

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